Témoin Indésirable
Un polar d'Agatha Christie avec son lot de rebondissements. Chacun des protagonistes devient, à tour de rôle, suspect. Ils avaient tous des griefs contre la victime et un possible mobile.
L’histoire commence avec Arthur Calgary, un scientifique qui revient en Angleterre après une expédition. Il se rend chez les Argyle pour révéler une information cruciale : il peut prouver l’innocence de Jacko Argyle, condamné pour le meurtre de sa mère adoptive, Rachel Argyle, deux ans plus tôt, et mort en prison. Calgary explique qu’il avait pris Jacko en auto-stop le soir du crime, ce qui lui fournissait un alibi irréfutable. Cependant, à l’époque, il n’avait pas pu témoigner en raison d’un accident et d’une amnésie temporaire.
Au lieu d’être accueillis avec gratitude, Calgary découvre que sa révélation perturbe profondément la famille Argyle. Rachel, une femme autoritaire et riche, avait adopté plusieurs enfants, et sa mort avait figé les tensions familiales. Si Jacko n’était pas le coupable, alors le véritable meurtrier se trouve encore parmi eux. Les membres de la famille – Leo (le père veuf), Gwenda (sa secrétaire et fiancée), les enfants adoptifs Mary, Hester, Michael, et Tina, ainsi que la gouvernante Kirsten – commencent à se suspecter mutuellement. Chaque personnage a des motivations potentielles : rancune, jalousie, ou peur d’être déshérité.
Au fil de l’enquête informelle menée par Calgary et les révélations progressives, la vérité éclate ...
Témoin indésirable se distingue des intrigues classiques d’Agatha Christie par son accent sur la psychologie plutôt que sur une enquête policière traditionnelle. Il n’y a ni détective emblématique ni interrogatoires formels ; l’histoire repose sur les interactions humaines et les conséquences d’une vérité tardive.
Le roman explore l’idée que la vérité ne répare pas toujours les torts. L’innocence de Jacko, au lieu de libérer la famille, ravive les blessures et les suspicions. Christie interroge ici la notion de justice : est-il préférable de laisser une erreur judiciaire en paix plutôt que de rouvrir une plaie ?
La famille Argyle incarne un microcosme de tensions. Rachel, bien que généreuse en adoptant des enfants, était aussi dominatrice, créant des ressentiments. Chaque membre de la famille devient un suspect crédible, reflétant les fissures sous la façade d’unité.
L’acte de Kirsten, motivé par l’amour, conduit à la perte de celui qu’elle voulait sauver. Cette ironie est typique de Christie, qui excelle à montrer comment les bonnes intentions peuvent mener au désastre. Contrairement à ses récits plus centrés sur les indices matériels, Christie utilise ici les dialogues et les introspections pour dévoiler les caractères. Le suspense naît de l’incertitude psychologique plutôt que d’une succession d’indices physiques.
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