Ce film dramatique évoque des sujets de société essentiels. Il lève le tabou sur l'attirance sur des personnes de même genre dès le primaire. Il parle de sujets sensibles tel le harcèlement scolaire ou encore un père de famille rejetant son enfant parce qu'il est gay. Dans une société japonaise conservatrice et traditionnelle, évoquer ces sujets n'est pas anodin et conduit à de lourds débats.
Pour traiter de ces sujets, le réalisateur narre son histoire en prenant le point de vue de trois personnages. Une mère de famille, un instituteur et un enfant.
La mère: Saori est une mère célibataire qui élève seule son fils, Minato, depuis la mort de son mari. L’histoire commence lorsqu’elle remarque des changements troublants dans le comportement de son fils, un pré-adolescent. Il revient de l’école avec des bleus, une seule chaussure, ou encore de la terre dans sa gourde, et ses réactions deviennent de plus en plus étranges. Inquiète, elle observe son fils se couper les cheveux de manière impulsive et disparaître une nuit, pour le retrouver finalement dans un tunnel ferroviaire abandonné. Ces signaux d’alarme la poussent à chercher des réponses.
Convaincue que quelque chose ne va pas à l’école, Saori décide de confronter l’équipe éducative. Elle soupçonne rapidement le professeur de Minato, M. Hori, d’être à l’origine des problèmes de son fils, pensant qu’il pourrait être victime de maltraitance ou de harcèlement. Déterminée à protéger Minato, elle se rend à plusieurs reprises à l’école, affrontant une administration qui semble évasive et plus soucieuse de préserver sa réputation que de répondre à ses préoccupations. Sa frustration grandit face à leurs excuses formelles et leur refus d’admettre un quelconque problème.
Du point de vue de Saori, le film débute comme une quête pour comprendre et sauver son fils d’une situation qu’elle perçoit comme menaçante. Elle est animée par un mélange d’amour maternel, de colère et d’impuissance, surtout lorsqu’elle assiste à un incendie spectaculaire dans leur ville, un événement qui semble amplifier l’atmosphère de tension autour d’eux. Cependant, à mesure que l’histoire progresse (bien que cela soit révélé plus tard à travers d’autres perspectives), elle ne saisit pas encore toute la complexité de ce que vit Minato. Pour elle, dans cette première partie du récit, tout semble pointer vers une injustice extérieure infligée à son enfant, et elle lutte pour percer ce mystère.
Le professeur: Dans cette histoire, M. Hori est un enseignant dans une école japonaise de province, confronté à une situation complexe impliquant l’un de ses élèves, Minato Mugino. Du point de vue de Hori, tout commence lorsqu’il remarque des comportements perturbateurs chez Minato, comme le fait de jeter les affaires de ses camarades ou d’enfermer un autre élève, Yori, dans les toilettes. Hori, cherchant à maintenir l’ordre dans sa classe, intervient parfois fermement, mais sans intention malveillante. Cependant, un incident survient : lors d’une altercation, il heurte accidentellement Minato au visage avec son coude. Cet événement, bien que non prémédité, devient le point de départ d’un malentendu dramatique.
La mère de Minato, Saori, une veuve déterminée, accuse Hori de maltraitance et confronte l’école. Du point de vue de Hori, cette accusation est injuste et exagérée. L’administration scolaire, soucieuse de protéger sa réputation, fait pression sur lui pour qu’il se plie à une gestion interne de l’affaire, le forçant à présenter des excuses formelles qu’il ne ressent pas comme légitimes. Cette situation le place dans une position intenable : il devient la cible de rumeurs et de jugements, tant de la part des parents que des médias. Sa vie personnelle s’effondre également, sa petite amie le quittant sous le poids de la controverse.
Désemparé, Hori retourne à l’école pour confronter Minato, cherchant des réponses. Une altercation dans les escaliers, où Minato tombe, le pousse à un moment de désespoir profond, au point d’envisager de sauter du toit de l’école. Pourtant, au fil du récit, des indices émergent, notamment dans les devoirs de Yori, qui semblent mentionner Minato, suggérant une dynamique entre les deux enfants que Hori avait mal interprétée. Ce qu’il avait perçu comme du harcèlement de la part de Minato envers Yori était en réalité une tentative de protection dans un contexte de harcèlement scolaire plus large, exacerbé par le père abusif de Yori.
Du point de vue de Hori, l’histoire est celle d’un homme pris dans un engrenage de malentendus et de pressions sociales, où ses actions sont déformées et son rôle de professeur devient une source de tourment. La vérité, révélée plus tard à travers le regard des enfants, montre que Hori n’était ni le monstre que Saori imaginait, ni un héros, mais un adulte dépassé par une situation qu’il n’a pas su décrypter. Le film, construit comme un puzzle narratif, laisse Hori face aux conséquences d’un système rigide et d’une société prompte à juger, tandis que les enfants, Minato et Yori, trouvent leur propre chemin vers la lumière.
L'enfant: Mon professeur, M. Hori, me fait peur parfois, et je ne sais pas comment gérer ça. Je me sens perdu, alors je fais des trucs étranges : je me coupe les cheveux tout seul, je rentre à la maison avec une seule chaussure, ou je pose des questions bizarres sur des greffes de cerveaux de porc. Ma mère s'inquiète beaucoup, et je vois bien qu'elle pense que quelque chose ne va pas, mais je ne sais pas comment lui expliquer. En réalité, ce qui me préoccupe le plus, c’est mon ami Yori. Il est différent, un peu fragile, et les autres élèves se moquent souvent de lui. Moi, je veux le protéger, être près de lui, mais ça me met dans des situations compliquées. Parfois, je me bats avec les autres pour le défendre, et parfois, je me demande si je fais bien. Je ressens quelque chose de fort pour Yori, une amitié profonde, peut-être plus, mais je ne comprends pas vraiment ce que c’est, et ça me fait peur. Je ne peux pas en parler, ni à ma mère ni à M. Hori, parce que je sens que personne ne comprendrait. Un jour, tout dérape. Ma mère accuse M. Hori de me faire du mal, mais ce n’est pas si simple. Moi, je me sens coupable, parce que je ne sais pas si c’est moi le problème. Je m’enfuis souvent, je vais dans un vieux tunnel de train abandonné pour réfléchir, pour être seul ou avec Yori. Là, on joue, on imagine des choses, et c’est comme si le monde extérieur n’existait plus. Mais une tempête arrive, et tout devient encore plus confus. M. Hori et ma mère me cherchent, ils crient mon nom, et je me cache avec Yori dans un wagon enfoui sous la boue. Je ne sais pas ce qui va se passer ensuite, mais pour la première fois, avec Yori à côté de moi, je me sens libre, même si le monde dehors semble prêt à nous engloutir.
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