Umkhonto we Sizwe: Lutte armée contre l'apartheid

 En 1948, l'Afrique du Sud érige un régime raciste d'apartheid. Semblable sur bien des points à la ségrégation raciale aux États-Unis. La minorité blanche est au contrôle du pays et possède les richesses de l'Afrique du Sud, il est notamment impossible pour un noir d'être propriétaire terrien, il lui également interdit de quitter sa ville de résidence sans autorisation des pouvoirs publics. Les mariages interraciaux sont également proscrits. 

L'ANC est fondé en 1912, jusqu'en 1961, elle défend une lutte pacifique pour atteindre la liberté. Malgré son pacifisme, l'ANC subit une répression policière violente. En 1960, la police ouvre le feu et tue 60 personnes, lors d'une manifestation pacifique, organisée par des communistes, il s'agit du massacre de Sharperville. Lors d'un discours télévisé, Mandela se questionne sur la finalité d'une lutte pacifique face à la répression toujours plus violente de la police. 

En Décembre 1961, sous l'impulsion de Mandela, la lutte armée contre le régime d'apartheid est lancée. L'Umkhonto we Sizwe, abrégé par l'acronyme MK, est ainsi fondé et devient la branche militaire de l'ANC en collaboration avec le Parti Communiste sud-africain. Leur première action a lieu à Durban, ils font sauter des poteaux électriques alimentant la ville en électricité. Lors d'un discours à l'ONU, le président du MK, Oliver Tambo appelle les Nations Unies à défendre la libération des noirs de l'oppression du régime d'Apartheid. Il explique également les raisons qui ont poussé l'organisation a faire usage d'armes dans sa lutte. 

Mandela se rend en Ethiopie, en Algérie, au Maroc en Égypte, ces pays soutiennent la lutte de l'ANC et les méthodes du MK. Ils sont prêts à aider les soldats du MK à s'entraîner. Soutenant depuis toujours les droits des peuples opprimés, les États communistes tels la RDA, l'URSS, la Chine, la Tchécoslovaquie et Cuba accueillent également les membres du MK pour les former au combat et leurs fournissent des armes. 

En 1963, plusieurs leaders de l'ANC et du MK sont arrêtés par l'État sud-africain, dont Nelson Mandela. Lors de ce procès de Rivonia, Nelson Mandela dit être un membre actif du MK, il assure vouloir une société libre et démocratique où les noirs et blancs puissent vivre en paix. Tout en affirmant être opposé à la domination blanche, il justifie les luttes armées et se dit prêt à mourir pour son idéal. Lui et ses camarades de lutte sont condamnés à la prison à perpétuité. Dans les geôles du régime de l'apartheid, la torture est monnaie courante, plusieurs membres du MK ont pu en témoigner. 

Juin 1976: Les enfants noirs décident de boycotter l'enseignement de l'afrikaans, la langue des colons blancs. Ils sont des dizaines de milliers à manifester leur désapprobation de cette mesure. Les émeutes de Soweto coûteront la vie à 176 personnes. Suite à ces répressions policières sanglantes, beaucoup de citoyens noirs de Soweto décident de s'engager au sein du MK, d'autres n'ont pas d'autre choix que de s'exiler. Malgré ce contexte particulier, les exilés continuent de se battre pour leur peuple et contre l'apartheid.

Lors d'un message radiophonique, le président de l'ANC appelle les citoyens noirs à rendre le pays ingouvernable. Le MK possède ce qu'ils appellent l'équipe de refroidissement, des soldats chargés de tuer les représentants du régime d'Apartheid, comme des flics. Le mouvement armé possède également des agents chargés de la surveillance et de filtrer les ennemis politiques de l'ANC. La branche armée de l'ANC ira jusqu'à faire exploser une voiture piégée à Pretoria, cœur du pouvoir. Ils feront également exploser des raffineries de pétrole. L'un des gros coups de l'ANC est d'avoir semé le chaos dans les bases de l'armée de l'air sud-africaine. 

Les représailles sont terribles, des descentes de police ont lieu dans les bidonvilles, l'armée est déployée et le président Botha déclare l'état d'urgence dans tout le pays. Le ministre de la justice, Jimmy Kruger évoque 31 cas de sabotages, six personnes tuées et l'arrestation de 91 "terroristes" et 500 "terroristes potentiels", il s'agit de membres de l'ANC. Ils sont unanimement condamnés à la peine capitale. 

Le combat contre l'apartheid trouve écho de partout dans le monde. De grandes entreprises et certains États puissants commencent à boycotter le régime d'apartheid. En Février 1990, suite à la pression internationale, le régime est contraint de libérer de prison Nelson Mandela. Ils reviennent également sur l'interdiction de l'ANC. Lors de son 1er discours, suite à sa sortie de prison, Mandela rend hommage aux combattants du MK, précisant que la violence de l'apartheid ne leur a pas laissé le choix quant à la lutte armée. Il met en place un moratoire sur la peine de mort. Entre 1990 et 1993, il participe aux négociations sur le démantèlement du régime d'apartheid et en 1994, Mandela est élu président.  

Malgré les années de présidence de Mandela et le maintient de l'ANC au pouvoir, certaines inégalités perdurent. Beaucoup de citoyens sud-africains, principalement noirs, vivent encore dans des bidonvilles. La pauvreté n'a pas été totalement endiguée et certains soldats du MK se plaignent d'un manque de reconnaissance de l'État. 

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