Stonewall


En 1969, aux États-Unis, les rapports sexuels entre personnes de mêmes genres sont interdits. Seul l'État de l'Illinois fait office d'exception. Cette période est marquée par de nombreux mouvement pour les droits civiques(Noirs, Femmes, Hippies...) et contre la guerre au Viet-Nam. 

À l'été 1969, dans la nuit du Vendredi 27 Juin, au Samedi 28 Juin, la police fait une descente dans un bar gay new-yorkais. Les policiers viennent dans cet établissement pour fermer les portes et demandent aux clients de présenter leurs papiers d'identité en sortant du bar. Face au harcèlement policier incessant, les membres de cette communauté refusent de quitter les lieux pour faire valoir leurs droits. 

Durant les années 1960, aux États-Unis, les homosexuels subissent de violentes discriminations. À la télévision, des clips homophobes sont diffusés afin de combattre "le danger de l'homosexualité". La médecine considérait encore l'attirance pour les personnes du même genre comme une maladie mentale. 

Les psychiatres tentaient de "guérir" les homosexuels de leurs "perversions" selon la propagande homophobe de l'époque. en leur diffusant des images pornographiques d'hommes accompagnées de décharges électriques pour leur faire rejeter leurs attirances, le but étant de faire d'eux des hétéros. De nombreux homosexuels étaient internés en hôpital psychiatrique étant considérés comme déviants sexuels, ils subissaient des stérilisations forcées, des castrations et parfois des lobotomies. 

Dans l'armée, les homosexuels sont bannis, tout soldat dont l'homosexualité viendrait à être dévoilée serait licencié pour indignité. Il est ensuite impossible d'effectuer tout type de carrière un tant soit peu prestigieuse. 

Dans des spots télévisuels, l'homosexualité était présentée comme une maladie psychique considérée comme aussi grave et contagieuse que la variole. Des sondages indiquaient que les 2/3 des étasuniens éprouvaient du dégoût et de la peur pour les homosexuels. Ils ne souhaitaient pas une éventuelle dépénalisation des rapports sexuels entre adultes gays consentants. 

Dans les écoles, la brigade criminelle installait un climat de peur et de dénonciation au sein de la jeunesse. Elle s'y rendait pour les alerter que s'ils fréquentaient des homosexuels, ils pourraient à leur tour le devenir. Au cas où ils deviendraient gays, la brigade criminelle les arrêterait et préviendrait les parents. Pour les terrifier, la brigade les menaçait en leur disant qu'en cas de découverte de leur homosexualité, ils vivraient, par la suite, dans la clandestinité.

Quand les homosexuels sont arrêtés, ils sont accusés "d'outrage public à la pudeur". Le nom, l'adresse et l'âge de la personne étaient relevés par les autorités et diffusés dans la presse. Le but était de l'humilier et qu'il soit rejeté par sa famille. L'homosexualité avérée d'un citoyen et il devenait interdit d'emploi dans l'éducation ou l'administration. ainsi que de toute profession dans le domaine de la justice ou de la santé. 

Dans les petites villes impossible pour les homosexuels de vivre en plein jour, tout le monde se connaissait. Alors, au début des années 1960, beaucoup tentent l'aventure de New-York, certes l'homosexualité était illégale mais personne ne les connaissait dans cette immense ville, plus facile de passer incognito. Rapidement à Greenwich, les homosexuels se retrouvent au sein de leur communauté. Dans une librairie, des livres évoquant les gays en de bons termes sont mis en valeur, quand les réactionnaires ont découvert cela, le libraire a reçu des menaces et sa boutique a été vandalisée. 

À cette époque, lors de la foire internationale, des visiteurs de tout le pays et des quatre coins du globe se rendent à New-York. Les autorités publiques décident alors de nettoyer la ville des "tordus" comprenez les gays. Les drag queens étaient également une cible des flics, une loi étasunienne de 1845, encore en vigueur, interdisait de se travestir. La police utilisait tous les subterfuges pour les appréhender. 

Face à la multiplication d'établissement gays fermés par les pouvoirs publics. La communauté gay finit par manquer de lieux de rencontres et de moyens pour les financer. Une alliance surprenante va voir le jour avec la mafia de New-York. La mafia leur fournissait de l'alcool "tombée du camion", avait la main sur les jukebox et les distributeurs de cigarettes. Le bénéfice de la mafia était colossal. N'ayant officiellement pas le droit de vendre d'alcool, le bar devait graisser la patte des flics. 

Les gays ne disposaient d'aucun lieu pour leurs ébats. Ils se retrouvaient donc à l'arrière de camions frigorifiques dans des zones industriels. Là-aussi, pas moyen pour les homosexuels de vivre en paix, même loin de tous, les flics y menaient des descentes. À la vue des flics, les gays prenaient la fuite. C'était le seul moyen d'éviter l'arrestation et les violences répétées et excessives. 

L'une des premières organisations à défendre les droits des gays, aux États-Unis, fut Mattachine. Par peur d'être suivi par le FBI, les militants de Mattachine se retrouvent clandestinement. Mattachine rencontrera le maire de Big Apple et sera reçu à la télévision, le président du mouvement demandera la légalisation des rapports sexuels gays entre adultes consentants. 

1969, année d'élections municipales aux USA. John Lindsay compte bien être réélu. L'une de ses promesses de campagne est de nettoyer la ville, comprenez effacer les gays de l'espace public. Durant sa campagne, la répression policière redouble d'intensité, de nombreux homosexuels sont arrêtés. Des milices participent à ces actions homophobes violentes, ils tabassent les gays, les menacent et font pression pour qu'ils perdent leurs emplois. 

Les flics faisaient peu de descente aux heures de grandes fréquentations. Celle du 28 Juin 1969 fera date. Alors que les flics font sortir les clients du bar, le "Stonewall", et contrôlent les identités. Un mouvement de révolte se lève, les gays en ont marre de ces méthodes fascistes, marre de voir leurs droits piétiner. Les flics commencent à faire usage de la force et leurs renforts arrivent. Tandis que les gays leur lancent de la petite monnaie, les sifflent, insultent et font tanguer les voitures. Des flics vont se réfugier à l'intérieur du Stonewall et emmènent de force des clients. Des journalistes venus faire un reportage se retrouvent également piégés. 

Dehors, la foule grossit et sa colère ne désenfle pas. Ils jettent divers projectiles sur la devanture du Stonewall. La foule en colère lance des bombes artisanales en direction du bar et certaines percent les barricades et atterrissent dans l'établissement. Les flics tentent d'éteindre le début d'incendie avec des extincteurs. 

Des militants gays arrachent des parcmètres et tentent de défoncer la porte en s'en servant comme bouclier. La porte résiste. Ils sont des milliers dehors à faire entendre leur colère. Des habitués du bar retenus en otage par les flics tentent de quitter les lieux mais échouent.

Cinq fourgons de police arrivent sur place pour porter secours à leurs collègues retranchés dans le bar. Plusieurs des militants gays interpellés parviennent à repousser les flics. Ces derniers se retrouvent contraints de reculer. Les militants avancent comme un seul homme et encerclent le bar. Ils finissent par prendre les flics à revers et les éloignent du bar. La brigade anti-émeute ne parvient pas à gagner de terrain ni à maîtriser cette foule de milliers d'individus. Suite au chaos régnant dehors, les altercations entre militants et policiers, la devanture du bar finit par céder, l'intérieur du bar était complètement dévasté. L'affrontement durera toute la nuit. 

Le lendemain soir, la communauté gay publie et distribue des tracts. Elle souligne la collusion entre mafia et police dans leurs bars. Le samedi suivant, le 27 Juin 1969, le stonewall rouvre ses portes et les clients répondent présents en grand nombre. Des black panthers, des pacifistes, des hétéros se joignent au mouvement de solidarité. En retour les flics passent à tabac de nombreuses personnes présentes. Les militants gays ne veulent plus reculer, la machine est lancée, ils demandent que leurs droits soient respectés. La presse ne fait pas de cette révolte ses gros titres, pourtant l'événement n'est pas anodin. 

Le 28 Juin 1970, une manifestation s'organise avec comme objectif de mettre en avant les revendications des gays, les célébrer. Deux milles âmes seront présentes dans le cortège qui devient la première Gay Pride.

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