Rwanda: histoire d'un génocide


 Avril 1994: À la radio rwandaise est diffusée un message appelant à l'extermination des Tutsis. Ces derniers y sont qualifiés de cafards par la propagande des Hutus. 

Ceux qui sont devenus des génocidaires avaient été endoctrinés pendant des années avant que l'irréparable commence. La propagande désignait le Tutsi comme l'ennemi à éliminer. Le génocide s'est immiscé au sein même des familles rwandaises. Les hutus n'ont pas simplement massacrés des innocents, ils les ont également effacés de l'histoire. Ils ont brûlé les photos de famille, maisons, monuments funéraires...

Depuis, génocidaires et familles des victimes vivent à nouveau côte à côte, dans les mêmes villages.  


Quand le génocide commence, comprenant la gravité de la situation, des parents exhortent leurs enfants à fuir. Certains des gamins, trop jeunes, pensent que leurs parents les abandonnent. Dans les villages, les voisins, qui se conviaient à des soirées les uns chez les autres, se font la guerre les génocidaires Hutus tuant les Tutsis, avec des machettes. La cruauté des génocidaires est sans limites, ils envisagent de laisser les gamins mourir de faim. La nuit, ces enfants s'abritent dans une forêt et se cachent sous des feuilles séchées de bananiers. 

Heureusement, les enfants peuvent compter sur la résistance de certains rwandais, y compris des hutus, pour les protéger et les cacher. Quand les génocidaires s'approchent du village, un guet prévient tout le monde, les enfants sont apeurés mais parviennent à faire silence. Les génocidaires rebroussent chemin.

Ce n'est, hélas, que partie remise, un matin, ils retournent au village équipés de nombreuses armes blanches. Les miliciens Hutus exigent le départ des enfants du village. Paniqués, ils décident de se rendre auprès du maire du village, un ami de leurs parents. Ces enfants ignorent que leur mère a été assassiné par les Hutus. Les enfants trouvent refuge chez la mère du maire du village durant une courte période. Ils finissent par retourner au village chez la dame, Marguerite, qui les avait déjà protégé des milices hutus. 

Chez la mère du maire, les enfants ont découvert des biens appartenant à leur père, ils se doutent de quelque chose. Les milices hutus sont à la recherche du père des gamins, ils ignorent s'il est vivant ou mort. Alors que les enfants sont hébergés chez Marguerite, les miliciens défoncent la porte et fouillent la maison, ils repartent en menaçant la dame. 

Un matin, à l'aube, deux miliciens viennent chercher les enfants. Marguerite a beau tenté de s'interposer rien n'y fait. Elle ne reverra pas les trois petits. Ces trois petits tutsis sont emmenés par les miliciens hutus, ils sont apeurés. Une foule s'amasse au bord de la route pour voir les enfants emmenés de force, pleurant, par des miliciens génocidaires hutus. Ces mêmes villageois qui encore peu de semaines avant partageaient tout avec la famille de ses enfants. Les biens de la famille ont été pillés par les hutus, la maison incendiée. Les commanditaires du génocide insistaient pour que plus aucune trace des tutsis ne survive. a

Peu après les avoir emmenés, non loin du village, les génocidaires tuent les trois enfants. Le premier mort sur le coup, après qu'un milicien hutu lui ait asséné un coup de gourdin sur le crâne. Les deux autres ont agonisé toute la nuit, dans le village, la population les entendait gémir. 

Les messages de la propagande hutu continue de vociférer à la radio. Ils s'adressent aux tutsis leur indiquant que même s'ils survivent au génocide, ils vivront tourmentés à jamais et deviendront fous. Les hutus veulent anéantir par tous les moyens la communauté tutsi. 


En 2004, soit 10 ans après cet effroyable génocide, le Rwanda entamait des procédures judiciaires pour condamner les génocidaires. Il fallait reconstruire le pays, les hutus et tutsis devraient à nouveau cohabités, se réconciliés mais pour cela, la justice devait son travail. Beaucoup d'interrogations se posaient, les tribunaux seraient-ils impartiales, les accusés pourraient-ils avoir droit à une défense ? ... Au total, un million de rwandais étaient accusés de participation au génocide. Les génocidaires sont jugés dans les villages où ils ont commis leurs crimes. Les juges dits intègres sont des citoyens qui connaissent les accusés, originaires des mêmes villages. D'où la question de l'impartialité. Marguerite apporte un témoignage précieux. Les génocidaires n'assument pas leur propre responsabilité et la rejette sur leurs compagnons de crimes. 

Certains génocidaires ont bénéficié d'un jugement clément grâce à la présence, dans les juges, de membres de leurs familles respectives. Plusieurs d'entre eux sont allés à la rencontre des familles de leurs victimes. Parmi ces familles de Tutsi, certaines ont trouvé la force de pardonner à leurs bourreaux, pour vivre en paix, tenter de reconstruire sa vie, de rebâtir des liens forts. Le Rwanda continue de se reconstruire, la réconciliation entre hutus et tutsis est nécessaire. 

En trois mois, le génocide au Rwanda a coûté la mort à près d'un million de tutsis. 


https://www.youtube.com/watch?v=51QkFtGF_ZE

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