L'affiche rouge

Le 19 Février 1944, les 10 hommes apparaissant sur la fameuse "affiche rouge" sont jugés par un tribunal allemand. Ils n'eurent pas droit à un procès équitable, cette parodie de justice fut rendue en une seule journée. Le 21 Février, ces dix hommes furent fusillés. Quelques jours après, le régime nazi d'Allemagne et le régime fasciste de Vichy recouvraient les murs de l'Hexagone de cette célèbre affiche rouge. Cette affiche comportait le visage des dix accusés condamnés à mort, et les rendait responsables de ces attentats terroristes, pointant du doigt leur judéité et appartenance à l'idéologie communiste. 

Plusieurs années après, ils sont devenus des symboles de la résistance étrangère contre le nazisme. Ils ont sacrifié leur vie pour la liberté du peuple français. 

Février 1943. Charles Mitzflicker, âgé de 30 ans, et Jean Lemberger, 17 ans, tous les deux résistants font exploser une bombe prêt d'un convoi allemand. Plusieurs morts sont à décomptés. 

Les parents de Jean Lemberger sont partis de Pologne et posés leurs valises en France, en raison de leur adhésion à l'idéologie communiste. Être communiste en Pologne devenait trop risqué. Ils bénéficient du droit d'asile en France mais ne sont pas autorisés à travailler. Charles est lui aussi un juif communiste originaire de Pologne.

En 1939, les juifs polonais communistes sont consternés devant le pacte de non-agression signé entre l'Allemagne nazie et l'URSS de Staline. Quad la France et l'Allemagne entrent en guerre, de nombreux juifs étrangers s'engagent dans l'armée française. Rapidement après la défaite et la capitulation, le régime de Vichy met sa propagande antisémite en place et pointe les juifs comme ennemis. 

En 1941, le PCF n'a pas conscience du danger qui guette les juifs et de l'étroite collaboration de Vichy avec l'Allemagne nazie. Avec l'accord de la direction du parti, les juifs communistes se font recenser, très vite, ils sont déportés dans des camps de concentration.

En Juin 1941, Hitler rompt le pacte germano-soviétique et attaque l'URSS. Suite à cette agression, Moscou exhorte les communistes d'Europe d'entrer en résistance. Au PCF, on reçoit des consignes de s'attaquer aux officiers allemands. Les juifs voient cela comme une libération, ils peuvent enfin lutter contre les nazis. 

Septembre 1941. Les communistes du PCF entrent officiellement en résistance. Boris Holban, juif roumain, est chargé de recruté des étrangers voulant lutter contre l'occupant nazi. Il intègre les FTP MOI, organisation supervisée par le PCF. Adam Rayski est membre des FTP MOI, chef de la section juive du mouvement de résistance. 

Juillet 1942. Vichy organise la rafle du Vel d'Hiv. La résistance va devoir s'affirmer et frapper fort. L'organisation décide qu'ils s'attaqueront aux allemands de partout où ils se trouvent, les soldats isolés, dans les lieux publics qu'ils fréquentent, les troupes en étudiant leurs mouvements réguliers. Quelques mois après, Charles Mitzflicker et Jean Lemberger attaquent à l'explosif un restaurant remplit de soldats allemands, ils réussissent à prendre la fuite. 

Mars 1942-Novembre 1943 à Paris: 92 hôtels allemands attaqués à la bombe, 33 hôtels allemands attaqués à la grenade, 15 bureaux de recrutements incendiés, 125 camions militaires détruits, 11 traîtres abattus, 31 formations militaires attaquées, 10 trains militaires pris pour cible. Le bilan de l'organisation FTP-MOI. 

Jean Lemberger est arrêté par la police française en 1943, il subit d'incessants actes de tortures. Ne réussissant pas à le faire parler, Vichy le livre aux allemands. Il est alors déporté au camp de Struthof, en Alsace annexée. Il sera par la suite déporté à Auschwitz. Charles Mitzflicker échappe à une arrestation en abattant les deux flics venus l'arrêter. 

Suite à ses nombreuses actions de résistance, les allemands grillagent les fenêtres des lieux où ils se retrouvent pour éviter toute action. Les résistants doivent changer de tactique, ils viseront désormais des personnages importants de l'organisation nazie. Frapper peu mais fort. Le résistant Alfonso, qui figure sur l'affiche rouge, s'est approché d'un haut gradé allemand, assis sur un banc public, et lui a tiré plusieurs balles dans la tête. 

Durant plusieurs mois, les FTP-MOI prennent en filature un haut fonctionnaire, Julius Ritter, chargé du Service du Travail Obligatoire. Ils repèrent et identifient le parcours de ce fonctionnaire nazi le menant de son logement à son bureau. Alfonso est chargé de l'abattre, il l'exécute, épaulé par Marcel Rayman, le 28 Septembre 1943. Après cette attaque réussie, Holban, coordinateur de cette action, est remplacé dans son rôle par Manouchian.

Deux mois après les faits, en Novembre 1943, les auteurs de l'exécution et la quasi intégralité des membres des FTP-MOI, dont Manouchian sont arrêtés. Au total, la police française interpelle 200 individus. Un mois plus tôt, la police française arrête le résistant des FTP-MOI, un dénommé Joseph Davidovitch, il donnera des informations capitales qui permettront d'interpeller de nombreux membres. Plusieurs résistants, se savant sous surveillance policière, demandent à être cachés en Province, leur requête est rejetée. 

Davidovitch sera exécuté par les résistants. La direction du PCF a cessé de donner de l'argent et des vivres ainsi que des ordres missions au FTP-MOI, les abandonnant à leur sort. C'était une question de temps avant leur capture.